Le Basketball à Paris (5)

Publié le par Jean-Marie Tartane

 

Mars 07 Le basket à Paris (4) Le PUC des 60’ L’argent, tout s’achète et tout se vend.
Ces années fondatrices du basket français furent en fait celles qui consolidèrent le basket français.
A cette époque même si notre pays ne manquait pas de clubs formateurs et à résultats, de Lille à Marseille ou de Strasbourg à Pau, il manquait tout de même en général un élément qui auraient pû permettre à de nombreux clubs d’ailleurs, de se positionner d’une manière plus durable dans la hierachie du basket européen : suffisament de ressources humaines et financières
Non que le PUC disposait d’une manne lui permettant de passer les années, notamment les 60’s qui furent secouées par la forte mutation (1) du sport amateur français qui en ce qui concerne les sports d’équipes était amené à suivre la voie du professionnalisme. Le PUC, dernier des derniers en fait, refusera à la fois statutairement et philosophiquement de suivre la voie hors de l’association régie par la loi de 1901, celle des clubs amateurs. C’est peut-être ce qui causera sa perdition à la fin des 70’s. Pour le moment nous ne sommes qu’en 1960 et le Paris Université Club parade en tête des cadors du championnat de France de basket-ball avec des clubs plus structurés comme l’ASVEL (Buffière, Sturla, Rey, Grange), Roanne de (Vacheresse…), Mézières (champion 1959) avec les frères Beugnot, Marly (Haudegand), le CSM Auboué (Devoti) ou même Saint-Etienne, Mulhouse (Christian Baltzer) ou le Racing .
Les bénévoles fondateurs de ce club fascinant, désintéressé des choses de l’argent mais fortement impliqué dans un projet éducatif ont fait du PUC progressivement d’un sérieux challenger sur les terrains de France, un redoutable adversaire de niveau international.
Les résultats ne tarderont pas à apparaître.
La mise en place de la « bête » :
 Naturellement, ce n’est pas du jour au lendemain que s’est construite cette fondation du basket français.
Alors dominant chez les filles qui l’emportent devant le SMUC (Stade Parseillais Etudiant Club), pour les garçons, une succession de 4 échecs en finale et 3 demi-finales du championnat de France de 1ere division, appelé à l’époque Excellence, a dû être essuyée durant les 50’s en 1957, en 1958 et 1959 contre Villeurbanne et Mézières (futur Charleville-Mézières) et la Chorale de Roanne par les hommes coachés par Emile Frezot, l’homme au collier de barbe digne successeur de Jacques Flouret.
Américains :
Comme décelé le mois dernier, il fallait pour émerger des autres rivaux, disposer d’un avantage concurrentiel décisif pour remporter la mise en ces années 60’s, friandes en nouveautés notamment basketballistiques (1). Dans le domaine de "la grosse balle", l’arme décisive commença à montrer le bout de son canon, il avait symboliquement le goût accrocheur du coca et la souplesse résistante d’un chewing-gum, USA.
Il s’agissait de chercher un bon joueur si possible de grande taille, issu du Nouveau Monde, pétri des qualités nécessaires pour faire gagner une équipe.
Pour le PUC, ce sera un militaire en mal de ballon rencontré lors d’un match contre Orléans : Henry Fields. Field d’Elisabethville, dont les 2 prédécesseurs au club de l’ASPO Tours Hank Hatworne et Willy Williams (2), seront aussi militaires, sera un des premiers américains du basket-ball français
 La bande de Rat :
Il fallut attendre 1963 soient quelques années plus tard pour que le complexe du second (la place du Poulidor) s’efface de l’inconscient collectif des Pucistes. Avec Michel Rat, Roger Antoine, Michi père, De Fautereau, Souvré et les autres, ainsi le Paris Université Club connut ses premières sensations dominatrices en serrant la coupe du vainqueur. Ils furent les pionniers de la lancée du PUC vers les fonds baptismaux du succès dans le basket français. Les semailles devaient tôt ou tard porter à moisson et amener une génération de basketteurs formés à la dure école de la rigueur des successeurs de Flouret, Rutgis ou autres Jacques Renaud. Dans une salle Pierre de Coubertin pleine à craquer, les ébats entre les deux clubs parisiens du PUC et de l’Alsace de Bagnolet tournera au «passe et va» tragique qui aboutira en une guerre fracticide et à la victoire des violets sur les cerclés de rouge et blanc. Qu’importe, les banlieusards eux resteront parmi l’élite jusqu’à la fin des 70’s, lorsque le petit gamin-gavroche, insolent, coloré de violet devra céder du mors et accepter de descendre dès 1973 en 2e division. La Nationale 2 fut en quelque sorte, durant les 70’s, le lieu de pénitence pour ceux qui n’accepteront pas de suivre l’évolution inéluctable du basket européen des clubs de l’élite vers le professionnalisme : en avoir ou pas ; Il s’agit des américains et des flux importants d’argent qui commençaient à caractériser sérieusement le basket (sport) hexagonal.. Si le PUC n’acceptera jamais de perdre son âme et de céder à la dictature du fric, celui-ci ouvrira sa porte aux joueurs US dès 1970, alors que d’autres clubs ancestraux comme l’ASVEL du genre « papy fait de la résistance » n’entrouvrira timidement sa porte à l’Oncle Sam que lors de la venue en 1970-71 de John Rucker (1,88m), qui d’ailleurs ne laissera pas des souvenirs impérissables du coté du Rhône. André Buffière à l’époque tout comme l’ensemble des environnements de l’ASVEL n’était pas des adeptes de la vague US largement initiée ailleurs. ASVEL sera champion 1955,56,57 Mézières en 58 et 60 Alsace de Bagnolet en 61 et 62

(1) Les « tendanceurs » disent que les années 60’s furent les plus novatrices en matières de mode, technique d’entraînement , technologie, littérature…
(2) Ike Hawthorne et Willie Williams arriveront en 1957-58 à l'ASPO Tours Les années de semailles et moissons : Ces années 80’s furent celles donc du basket parisien avec 2 clubs (PUC et Bagnolet), dans les 3 premiers en 1963-64 et 3 internationaux sur 12 :Rat (PUC), Max Dorigo et Bernard Mayeur (Bagnolet) lors des championnats d’Europe 1965 de Wroclaw en Pologne . Autant les militaires français enmennés par le Puciste Jacky Renaud, s’illustrèrent en gagnant aux championnats du monde en 1964, les championnats d’Europe de Wroclaw sont à oublier puisque la France y réalisera les pires championnats de son histoire. La raison n’en étant pas uniquement le manque de géants en équipe de France (3)devant des nations à la moyenne de taille approchant les 1,95m voire les 2,00m (russes , yougoslaves).

En 1965 arriva un troisième club parisien parmi l’élite, le Stade Français qui finira la saison à la 6e place devancée par Bagnolet et le PUC. Cette même année 1964, les filles du PUC emmenées par deux femmes au noms déjà connus de Michi et Rat , arrachèrent de haute lutte, le titre féminin contre les demoiselles de la Gerbe de Monceau les Mines.
La Gerbe du nom de la, marque prédestinée de collants féminins qui disparaîtra avec la crise du textile à l’orée des années 80’s ne décollera pas du peloton de tête du basket féminin des 70’s au coté du Clermont Université Club, autre grand club estudiantin lui carrément dominateur.
 Le CUC en fait, n’avait pratiquement plus de vraies étudiantes, à par Maryse Sallois et une ou deux autres. (4).
La fin de l’époque dorée :
 Malheureusement, la fête tournera rapidement au calvaire . N'étant plus au diapason, le PUC ne parviendra plus jamais à constituer une équipe compétitive pour faire face à ses adversaires d’hier, d’autant plus remontés que cela faisait déjà quelques années qu’ils n’avaient plus goûté la saveur du titre national. L’ASVEL, Denain, , Vichy Antibes et bientôt Le Mans qui piaffaient d’impatience, ne feront bientôt qu’une bouchée du PUC, hier encore, persécuteur des paniers adverses. L’agonie ne tardera pas à être symbolisée par la saison 1969-70 où les parisiens ne décolleront pas de la dernière place n’enregistrant que deux victoires.
 Jeunes :
Alors me demanderez vous, qu’est devenu la force vive du PUC durant ces années d’exclusion du top de l’élite française?
Paradoxalement les étudiants parisiens renforcèrent leur réserves de jeunes formés en interne ce qui leur permit de pouvoir aligner malgré tout des équipes de qualité en championnats de jeunes. Parmi ces formateurs-éducateurs Jaques « Jacky » Renaud, formé à la SCA Charenton et rapidement immigré vers le club estudiantin parisien. Il sera à la fois animateur-joueur et coach finalement l’âme de ce «grand devenu petit» à la dérive durant cette fin des 60’s. Pour sa dernière saison en N1, l’équipe était constituée de Dufraisse, Fathi Driss, le futur prof de Physique, Besson, Mazier(formé à Sanary),  Burel (5), Patrux, le congolais Maurice N’Golo et les immanquables américains que le PUC, du bout des ongles accepta pour pouvoir faire bonne figure ne serait-ce au pivot où la taille au début des 60’s avoisinait les 2,05m. Ce sera deux vrais étudiants venu de l’Ouest que Jacky mettra dams sa besace. Le colosse blond ,Glenn Richgels, avec ses 2 mètres et son quintal, agrégé de mathématiques,démontrera par sa régularité que les dirigeants eurent raison de compter sur lui et enfin l’enfant de Philadelphie, Frank O’Hanlon, plus pourvu d’une belle barbe que de véritables talents d’ «all around player» qu’il était sensé avoir. Cette dernière saison du PUC en 1ere division en 1973-74 fera du mal au cœur à tous ces poulbots du basket parisiens qui poussèrent avec dans la tête, des images de ce grand club dominateur des 60’s qui écrasait tout sur son passage, notamment dans la capitale, inspirait le respect et ramenait à Paris finalement ville de plus en plus exclue du basket de haut niveau, des jeunes pratiquants, source de développement pour l’avenir.
Le mois prochain se terminera la série sur l’histoire du PUC avec les années 70’s puis commencera celle du Racing Club de France autre pierre de l’édifice parisien. Salut et au mois prochain ;
 (3) Pour approfondir le probléme des géants dans le basket français voire La France et le manque de géants, en équipe de nationale de . sport.fr/Basket/bas/37086.shtm (
4) Pour cerner le sujet des américains-étudiants-basketteurs en France au début des 60’s voir mon article; NCAA et études www.sport.fr/Basket/nba/p33746.asp?num=33746 (5) Mazier ira à l’Alsace de Bagnolet à la fin des 70’s quand le PUC décrochera de l’élite et du basket professionnel. Le fils de Fathi Driss ira à Fresnes, Burel émigrera +dans les 90's en Alsace à Souffelweyersheim où il sera un grand coach. Sources bibliographiques : Pour une histoire du basket français par Gérard Bosc aux Editions Vigot (1999) Revue Basket-ball spécial 100 ans de basket-ball. Numéro spécial hors-série 1991 Magazines : L’Equipe Basket Magazine Voir à ce sujet, l’excellent article de Thierry Bretagne, dans L’Equipe Magazine n°30 d’Avril 1975, p27:Le Racing Club de France. Basket News Hors série printemps 2002 n°4 : »les plus belles histoires du basket pro français Photos L'Equipe Basket Magazine

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